16 Apr 2019

Le génie écologique au service de la biodiversité côtière

Le développement toujours plus rapide de l’activité le long des côtes a de véritables conséquences environnementales et écologiques, notamment la disparition accélérée des habitats littoraux tels que les herbiers marins ou les forêts de mangrove.

Et pourtant, la présence de ces habitats joue un rôle primordial dans le développement et la conservation des villes et populations littorales. Les phénomènes écosystémiques comme la séquestration de dioxyde de carbone, l'atténuation de catastrophes naturelles ou le cycle des nutriments confèrent une protection naturelle à ces urbanisations. La nécessité de modérer la dégradation de ces précieux habitats lors du développement de nos infrastructures et de notre économie n’est plus à prouver. Dans cette optique, le génie écologique peut offrir des solutions pour se pencher au mieux sur deux objectifs en apparence opposés : la conservation des espaces marins et le développement des côtes.



Le génie biologique, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’une approche multidisciplinaire large qui conjugue différents aspects et concepts scientifiques, notamment l’hydrologie, la biologie, l’océanographie et la biogéographie, pour concevoir et mettre en place des solutions d’aménagement autosuffisantes d’un point de vue écologique. En ce sens, les structures mises en place ont pour but d’aider à la restauration et la conservation de la biodiversité et des phénomènes écosystémiques côtiers. Cette approche est de plus en plus adoptée par les urbanisations côtières dont le littoral est fortement sollicité.

Demande de récupération de terres

 

Il est possible de monter un projet de récupération de terres. Pour cela, il est important d’identifier les zones dont l'environnent local peut recevoir une sédimentation meuble pour accueillir, par la suite, l'implantation et la recolonisation d’éléments naturels formant un habitat. Des mangroves et des herbiers marins, par exemple.

 

On peut déjà observer ce genre de cas dans des endroits comme Singapour dont le littoral est majoritairement constitué de petites baies en forme d’hameçon. Les courants dominants et la dérive littorale de ces baies sont propices au peuplement d’herbiers marins. Des résultats similaires ont également pu être observés dans des habitats aménagés à sédiments mous. Protégés par des brise-lames immergés, le remous y est calme et le niveau, peu profond. Ces techniques peuvent être utilisées pour de futurs projets de développement côtiers afin d’obtenir des résultats plus adaptés aux habitats naturels et à la biodiversité.

 

Des initiatives ambitieuses peuvent être prises pour augmenter les chances de recolonisation des substrats meubles par des herbiers marins et des mangroves, et des substrats durs comme les digues ou les brise-lames, par des coraux. On peut, par exemple, effectuer des tests de connectivité écologique pour permettre aux ingénieurs de déterminer les lieux où des solutions écologiques pourraient être mises en place. Notamment des démarches de repeuplement de la faune et de la flore maritime.

 

Le modèle de connectivité des larves de corail : un exemple naturel

 

En utilisant un modèle écologique à base de mouvement (modèle ABM, voir cadre de texte ci-dessous), les scientifiques de Singapour ont pu déterminer les sources et puits des larves de corail. Grâce aux résultats obtenus, les responsables de ressources ont ensuite défini le meilleur emplacement pour accueillir le premier parc naturel marin de la cité-État.

 

La modélisation à base de mouvement (ABM) se démarque comme le nouvel outil indispensable pour le génie écologique côtier. Grâce à un système de couplage dynamique, la modélisation ABM permet la création de modèles de connectivité biologique réaliste des environnements tels que les récifs de corail ou les forêts de mangrove. De nombreux paramètres peuvent être pris en compte lors du couplage de modèles hydrauliques et ABM de larves : la mortalité, le comportement de migration verticale et les effets de stimuli de l’environnement dynamique relatifs aux différentes étapes de la vie de l’organisme.

 

Les eaux de Singapour comptent 250 espèces de corail, presque un tiers des espèces connues dans le monde. De ce fait, les autorités ont lancé un projet de restauration et de conservation du récif corallien autour de l’île. Le projet comprend une évaluation écologique et une participation active des scientifiques dans le développement approfondi de récifs artificiels pour conserver la biodiversité côtière de Singapour.

 

Lisez cet article (document en anglais) pour découvrir tous les bienfaits des récifs artificiels sur l’environnement.

 

Tom Burkitt

mercredi 27 mars 2019

Environnement et écosystèmes

ABM, récifs artificiels, génie côtier, coraux, génie écologique