Et
pourtant, la présence de ces habitats joue un rôle primordial dans le
développement et la conservation des villes et populations littorales. Les
phénomènes écosystémiques comme la séquestration de dioxyde de carbone,
l'atténuation de catastrophes naturelles ou le cycle des nutriments confèrent
une protection naturelle à ces urbanisations. La nécessité de modérer la
dégradation de ces précieux habitats lors du développement de nos
infrastructures et de notre économie n’est plus à prouver. Dans cette optique, le
génie écologique peut offrir des solutions pour se pencher au mieux sur
deux objectifs en apparence opposés : la conservation des espaces marins
et le développement des côtes.
Le génie biologique, qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit
d’une approche multidisciplinaire large qui conjugue différents aspects et
concepts scientifiques, notamment l’hydrologie, la biologie, l’océanographie et
la biogéographie, pour concevoir et mettre en place des solutions d’aménagement
autosuffisantes d’un point de vue écologique. En ce sens, les structures mises
en place ont pour but d’aider à la restauration et la conservation de la
biodiversité et des phénomènes écosystémiques côtiers. Cette approche est de
plus en plus adoptée par les urbanisations côtières dont le littoral est
fortement sollicité.
Demande de récupération de terres
Il est
possible de monter un projet de récupération de terres. Pour cela, il est
important d’identifier les zones dont l'environnent local peut recevoir une
sédimentation meuble pour accueillir, par la suite, l'implantation et la
recolonisation d’éléments naturels formant un habitat. Des mangroves et des
herbiers marins, par exemple.
On peut déjà observer ce genre de cas dans des endroits
comme Singapour dont le littoral est majoritairement constitué de petites baies
en forme d’hameçon. Les courants dominants et la dérive littorale de ces baies
sont propices au peuplement d’herbiers marins. Des résultats similaires ont
également pu être observés dans des habitats aménagés à sédiments mous.
Protégés par des brise-lames immergés, le remous y est calme et le niveau, peu
profond. Ces techniques peuvent être utilisées pour de futurs projets de
développement côtiers afin d’obtenir des résultats plus adaptés aux habitats
naturels et à la biodiversité.
Des
initiatives ambitieuses peuvent être prises pour augmenter les chances de
recolonisation des substrats meubles par des herbiers marins et des mangroves,
et des substrats durs comme les digues ou les brise-lames, par des coraux. On
peut, par exemple, effectuer des tests de connectivité écologique pour
permettre aux ingénieurs de déterminer les lieux où des solutions écologiques
pourraient être mises en place. Notamment des démarches de repeuplement de la
faune et de la flore maritime.
Le modèle de connectivité des larves de
corail : un exemple naturel
En utilisant un modèle écologique à base de mouvement
(modèle ABM, voir cadre de texte ci-dessous), les scientifiques de Singapour
ont pu déterminer les sources et puits des larves de corail. Grâce aux
résultats obtenus, les responsables de ressources ont ensuite défini le
meilleur emplacement pour accueillir le premier parc naturel marin de la
cité-État.
La modélisation à base de mouvement (ABM)
se démarque comme le nouvel outil indispensable pour le génie écologique
côtier. Grâce à un système de couplage dynamique, la modélisation ABM permet la
création de modèles de connectivité biologique réaliste des environnements tels
que les récifs de corail ou les forêts de mangrove. De nombreux paramètres
peuvent être pris en compte lors du couplage de modèles hydrauliques et ABM de
larves : la mortalité, le comportement de migration verticale et les
effets de stimuli de l’environnement dynamique relatifs aux différentes étapes
de la vie de l’organisme.
Les eaux de
Singapour comptent 250 espèces de corail, presque un tiers des espèces connues
dans le monde. De ce fait, les autorités ont lancé un projet de restauration et
de conservation du récif corallien autour de l’île. Le projet comprend une
évaluation écologique et une participation active des scientifiques dans le
développement approfondi de récifs artificiels pour conserver la biodiversité
côtière de Singapour.
Lisez cet article (document en anglais) pour découvrir tous les bienfaits
des récifs artificiels sur l’environnement.
Tom Burkitt
mercredi 27 mars 2019
Environnement et écosystèmes
ABM, récifs artificiels, génie côtier, coraux, génie
écologique