Le rôle des modèles hydrauliques
dans l'évaluation des risques
La plupart des modèles hydrauliques
offrent une option appelée " âge de l'eau " qui permet aux
utilisateurs de calculer le temps de séjour de l'eau dans le réseau de
canalisation. Bien qu'il s'agisse d'un indicateur de la qualité de l’eau, il ne
permet pas d’analyser le problème du temps de contact avec un matériau
spécifique, tel que le PVC (chlorure de polyvinyle).
Pourquoi est-il nécessaire
d'analyser le temps de contact avec un matériau comme le PVC ?
Un produit chimique synthétique : Le monomère de
chlorure de vinyle (CVM) - qui se présente comme un gaz incolore et inodore à
température et pression ambiantes - est une des raisons pour lesquelles il est
indispensable de réaliser de telles analyses. Habituellement, le CVM est
entièrement polymérisé dans le PVC et seule une très faible teneur en monomère
résiduel peut migrer de la conduite dans l'eau potable. Le chlorure de vinyle
dans l'eau s'évapore habituellement rapidement lorsqu'il se trouve près d'une
surface, et a une faible solubilité dans l'eau. Cependant, le CVM dans un état
inchangé (non altéré) est une substance cancérigène pour l'homme et est
réglementé dans l'eau potable ainsi que dans les aliments et l'air.
Le CVM est potentiellement libéré par la colle PVC
soumise à une mauvaise polymérisation dans les tuyaux construits entre 1960 et
1980. Comme les niveaux dangereux de substances migratrices peuvent être
dépassés pour l'eau qui a été en contact avec le matériau pendant plus de 48
heures, les autorités publiques auront avantage à connaître le temps de contact
accumulé entre l'eau et ces conduites. L'eau qui s’écoule dans les nouvelles
canalisations en PVC ne contient habituellement que de très faibles quantités
de chlorure de vinyle et n'est pas reconnu comme présentant un risque.
Cependant, des tuyaux plus récents en d'autres matériaux tels que le
polyéthylène (PE) peut provoquer la migration d'autres substances
problématiques.
Malgré les programmes d'homologation en vigueur dans
différents pays européens, plusieurs matériaux de conduite libèrent d'autres
substances indésirables. Par exemple, certains des produits de dégradation des
substances chimiques utilisées, dont plusieurs sont considérés comme des
perturbateurs endocriniens (substances qui peuvent interférer avec le système
hormonal humain).
Préserver
la santé et la sécurité publiques
La présence de substances
dangereuses migrant des installations d'eau potable, y compris le VCM du PVC,
dépend du procédé de fabrication ainsi que de la qualité de la matière
première. En conséquence, la qualité des tuyaux varie selon les fournisseurs et
ne peut être estimée. La directive 98/83/CE de la Commission européenne sur
l'eau potable fixe une valeur limite de 0,5 µg de chlorure de vinyle/L dans
l'eau potable, qui est la teneur maximale actuelle pour tous les états membres
de l'UE.
Dans les recommandations de l'OMS
pour l'eau potable, une valeur limite pour le CVM a été fixée et abaissée au
cours des 25 dernières années et aujourd'hui, la valeur limite est fixée à 0,3 µg
/L dans l'eau potable. Toutefois, pour un grand nombre de substances, aucune
limite maximale n'a été fixée, ni dans la directive de l'UE ni dans les
exigences nationales. La plupart des pays ont des critères de qualité pour les
nouvelles installations, mais pas pour toutes les substances concernées. En ce
qui concerne les conduites plus anciennes, il est plus que probable que des
évaluations n'ont jamais été effectuées.
Un décret de 2011 adopté en
France impose que des prélèvements aléatoires sur le réseau soient effectués
par les Agences Régionales de Santé (ARS) pour déterminer le niveau de CVM dans
l'eau. Lorsque le niveau est supérieur à 0,5 µg/L, le gestionnaire du réseau,
c'est-à-dire la ville, doit changer ses conduites et éliminer tout risque de
CVM dans les trois mois. Si cette condition n'est pas remplie, la collectivité
doit mettre un terme à toute distribution d'eau.
Pour préserver la santé et la
sécurité publiques, l'ARS recommande fortement la mise en œuvre d'un modèle
pour déterminer le risque de CVM dans l'eau potable, en particulier dans les
villes où la molécule cancérigène a été détectée.
Une nouvelle méthode de calcul pour
analyser le temps de contact cumulé
Pour analyser le temps de contact
avec des tuyaux d'un matériau spécifique tel que le PVC, une nouvelle méthode
de calcul a été introduite qui prend en compte le temps de séjour
spécifiquement pour les conduites plastique. Les résultats de la simulation
sont présentés dans la figure ci-dessous où les tuyaux sont représentés par une
couleur correspondant à la durée pendant laquelle l'eau a été en contact avec
les conduites en PVC.
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Les conduites marquées en vert/bleu sont des conduites
dont le temps de contact avec le PVC est inférieur à 48 heures. Les
canalisations en orange/rouge sont des canalisations où il existe un risque de
concentration dangereuse de CVM libéré par les canalisations en PVC. © DHI France