06 Dec 2018

La qualité de l'eau est-elle affectée par le PVC dans les canalisations en plastique ?

Analysez le temps de contact cumulé avec une nouvelle méthode de calcul.


Le rôle des modèles hydrauliques dans l'évaluation des risques

La plupart des modèles hydrauliques offrent une option appelée " âge de l'eau " qui permet aux utilisateurs de calculer le temps de séjour de l'eau dans le réseau de canalisation. Bien qu'il s'agisse d'un indicateur de la qualité de l’eau, il ne permet pas d’analyser le problème du temps de contact avec un matériau spécifique, tel que le PVC (chlorure de polyvinyle).

Pourquoi est-il nécessaire d'analyser le temps de contact avec un matériau comme le PVC ?

Un produit chimique synthétique : Le monomère de chlorure de vinyle (CVM) - qui se présente comme un gaz incolore et inodore à température et pression ambiantes - est une des raisons pour lesquelles il est indispensable de réaliser de telles analyses. Habituellement, le CVM est entièrement polymérisé dans le PVC et seule une très faible teneur en monomère résiduel peut migrer de la conduite dans l'eau potable. Le chlorure de vinyle dans l'eau s'évapore habituellement rapidement lorsqu'il se trouve près d'une surface, et a une faible solubilité dans l'eau. Cependant, le CVM dans un état inchangé (non altéré) est une substance cancérigène pour l'homme et est réglementé dans l'eau potable ainsi que dans les aliments et l'air.

Le CVM est potentiellement libéré par la colle PVC soumise à une mauvaise polymérisation dans les tuyaux construits entre 1960 et 1980. Comme les niveaux dangereux de substances migratrices peuvent être dépassés pour l'eau qui a été en contact avec le matériau pendant plus de 48 heures, les autorités publiques auront avantage à connaître le temps de contact accumulé entre l'eau et ces conduites. L'eau qui s’écoule dans les nouvelles canalisations en PVC ne contient habituellement que de très faibles quantités de chlorure de vinyle et n'est pas reconnu comme présentant un risque. Cependant, des tuyaux plus récents en d'autres matériaux tels que le polyéthylène (PE) peut provoquer la migration d'autres substances problématiques.

Malgré les programmes d'homologation en vigueur dans différents pays européens, plusieurs matériaux de conduite libèrent d'autres substances indésirables. Par exemple, certains des produits de dégradation des substances chimiques utilisées, dont plusieurs sont considérés comme des perturbateurs endocriniens (substances qui peuvent interférer avec le système hormonal humain).

Préserver la santé et la sécurité publiques

La présence de substances dangereuses migrant des installations d'eau potable, y compris le VCM du PVC, dépend du procédé de fabrication ainsi que de la qualité de la matière première. En conséquence, la qualité des tuyaux varie selon les fournisseurs et ne peut être estimée. La directive 98/83/CE de la Commission européenne sur l'eau potable fixe une valeur limite de 0,5 µg de chlorure de vinyle/L dans l'eau potable, qui est la teneur maximale actuelle pour tous les états membres de l'UE.

Dans les recommandations de l'OMS pour l'eau potable, une valeur limite pour le CVM a été fixée et abaissée au cours des 25 dernières années et aujourd'hui, la valeur limite est fixée à 0,3 µg /L dans l'eau potable. Toutefois, pour un grand nombre de substances, aucune limite maximale n'a été fixée, ni dans la directive de l'UE ni dans les exigences nationales. La plupart des pays ont des critères de qualité pour les nouvelles installations, mais pas pour toutes les substances concernées. En ce qui concerne les conduites plus anciennes, il est plus que probable que des évaluations n'ont jamais été effectuées.

Un décret de 2011 adopté en France impose que des prélèvements aléatoires sur le réseau soient effectués par les Agences Régionales de Santé (ARS) pour déterminer le niveau de CVM dans l'eau. Lorsque le niveau est supérieur à 0,5 µg/L, le gestionnaire du réseau, c'est-à-dire la ville, doit changer ses conduites et éliminer tout risque de CVM dans les trois mois. Si cette condition n'est pas remplie, la collectivité doit mettre un terme à toute distribution d'eau.

Pour préserver la santé et la sécurité publiques, l'ARS recommande fortement la mise en œuvre d'un modèle pour déterminer le risque de CVM dans l'eau potable, en particulier dans les villes où la molécule cancérigène a été détectée.

Une nouvelle méthode de calcul pour analyser le temps de contact cumulé

Pour analyser le temps de contact avec des tuyaux d'un matériau spécifique tel que le PVC, une nouvelle méthode de calcul a été introduite qui prend en compte le temps de séjour spécifiquement pour les conduites plastique. Les résultats de la simulation sont présentés dans la figure ci-dessous où les tuyaux sont représentés par une couleur correspondant à la durée pendant laquelle l'eau a été en contact avec les conduites en PVC.

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Les conduites marquées en vert/bleu sont des conduites dont le temps de contact avec le PVC est inférieur à 48 heures. Les canalisations en orange/rouge sont des canalisations où il existe un risque de concentration dangereuse de CVM libéré par les canalisations en PVC. © DHI France